Punitions et menaces sont-elles des bons choix pour le bon développement de l’enfant ? Ces agissements parentaux peuvent-ils s’inscrire dans une démarche d’accompagnement de l’enfant ? Que se passe-t-il dans le cerveau de notre enfant lorsqu’on utilise les punitions et les menaces ?
Les punitions, humiliations, privations, menaces et autres châtiments corporels que nous avons vécu enfant se sont imprimés dans notre cerveau. Nous avons enregistré ces façons de répondre à certaines situations. Ce moment arrive lorsque l’enfant refuse de coopérer et/ou ne parvient plus à gérer ses émotions et est donc est amené à faire une « crise ».
C’est très difficile de remettre en cause la façon dont nous avons été éduqué. Certains parents approuvent les fessées et les punitions qu’ils ont reçues étant enfant. Alors comment remettre en question un système bancal, mais comme étant la norme ?
Quels signaux nous envoient les punitions et les menaces ?
Si tu fais l’effort de te rappeler les émotions qui te traversaient lorsque tu vivais cela, que ressentais-tu ? C’est souvent le sentiment d’injustice qui est très présent. Le sentiment de culpabilité aussi, comme si l’amour de tes parents étaient soumis à des conditions : avoir de bonnes notes, se comporter sagement, être poli en toutes circonstances, etc.
Et pourtant, les punitions, les menaces et le chantage ne changent pas grand-chose. Les parents n’ont pas des enfants plus « obéissants » parce qu’ils utilisent ces méthodes (je préfère d’habitude utiliser le mot coopérant, mais dans ce cas de figure, le mot « obéissant » est plus approprié).
En réalité, les menaces, chantages et punitions ont souvent 2 types d’influences sur l’enfant :
La soumission
L’enfant devient soumis à ses parents, il est obéissant, mais ne fait plus les choses de son propre chef. Les parents peuvent penser qu’ils ont fait du « bon boulot » car leur enfant est « sage », mais en réalité, c’est l’oppression qui le domine. L’enfant se retrouve pieds et poings liés face à un système éducatif dans lequel il n’a pas son mot à dire. Plus l’enfant grandit et plus la répression devient forte. C’est la voie royale vers une adolescence pétillante
La révolte
Le système des punitions et des menaces vient endurcir l’enfant. Opprimer l’enfant, mettre un couvercle sur ses émotions, se considérer supérieur à lui ont des effets très réactionnels : l’exposition à des crises de plus en plus violentes. L’enfant se met en révolte contre cette oppression qui le conditionne dans un rôle qu’il ne peut pas jouer. Alors il s’endurcit un peu plus à chaque punition.
Dans un cas comme dans l’autre, les résultats sont à l’opposé de ce que l’on recherche. Vient alors l’incompréhension, car la plupart du temps, les menaces et le chantage sont fait sur le compte du fameux « c’est pour ton bien ». Malgré cela, chaque parent reste perplexe par rapport aux réactions de son enfant. L’éducation peut facilement se transmettre de génération en génération jusqu’à ce que certaines réactions soient usuelles, communes et viennent s’inscrire dans la normalité la plus absolue.
Une alternative aux punitions et menaces
S’approprier de nouveaux réflexes et de nouvelles façons de faire qui soient positives et bienveillantes s’avère être souvent difficile. D’une part, parce que comme nous l’avons dit juste avant, ces façons de faire sont ancrées en nous et il n’est pas facile de se défaire d’une mauvaise habitude. D’autre part parce que face à la témérité et la ténacité d’un enfant, le parent est à même de « craquer » avant son enfant !
À la maison, nous avons banni ce système de punitions, chantages, menaces et autres châtiments corporels. Arthur, Gaspard et Constance n’ont jamais été puni, ni reçu de fessée. Ils ne savent d’ailleurs pas ce que veut dire ces mots.
À la place, nous avons préféré mettre en place un autre système. Un système qui nous demande plus d’énergie à nous, parents. Cela exige de nous une remise en cause permanente, mais ce système nous permet de nous épanouir avec beaucoup de sérénité et d’obtenir une coopération spontanée et motivée par nos enfants. Cette solution, c’est la négociation.
La négociation nous offre 3 avantages considérables :
Trouver une solution gagnant-gagnant
Chercher une solution acceptable par tous engage chacun des membres du foyer. Nous leur apprenons à faire des concessions, mais ils voient que nous en faisons nous même. Pour ne pas avoir à négocier chaque situation de la vie courante, nous avons mené une réflexion en amont avec Fabien sur le cadre que nous souhaitions mettre en place chez nous au sujet des règles de vie qui ne peuvent être transgressées. Nous nous sommes rendus compte qu’il y en avait très peu, mais qu’elles étaient essentielles : la sécurité et le respect. Tout le reste est négociable et aménageable en accord avec chacun de nous.
Malgré qu’elles soient essentielles, ces 2 règles s’inscrivent aussi dans la parentalité positive. Je te donne 2 exemples pour être sûre que je sois claire.
Lors de notre dernier voyage en Asie, nous avons fait escale à Doha. Dans cet aéroport, il y a des sortes de petits caddies où on peut poser ses bagages à main. Nous avions mis Arthur dedans pour qu’il puisse se reposer. À un moment, il décide de s’y mettre debout. Nous savions qu’il voulait tester la situation et que, grâce à la motricité libre, il ne se met jamais de lui-même en danger puisqu’il les connaît. Et bien, une dame proche de nous a totalement paniqué et s’est empressé de nous prévenir que c’était dangereux. Dangereux pour elle, mais ni pour nous ni pour Arthur. Il a mené sa propre expérience et il a mené, car il savait qu’il pouvait le faire.
Concernant le respect, là aussi nous ne sommes pas dans la même vision que l’éducation traditionnelle. Nous avons tous été entraîné et obligé à dire bonjour, s’il te plaît et merci avant même nos 2 ans, et bien entendu sans jamais comprendre à quoi ça sert. Mais tout le monde est d’accord pour punir un enfant qui ne dit pas bonjour. Chez nous, nos enfants, ont appris progressivement ces notions de politesse et à leur propre rythme.
Instaurer une relation de confiance
Chaque membre du foyer a le droit d’être respecté en tant que tel. Une relation d’égalité est installé chez nous lorsque nous évoquons le respect. Bien entendu, nous avons cet ascendant, en tant que parents, qui nous permet d’orienter nos enfants sur le chemin à prendre, dans les directions vers lesquelles aller. Lorsque ces notions sont sainement installées dans le foyer, la confiance s’installe solidement et durablement.
Car avant de demander à être respecté par son enfant, il faut déjà le respecter !
Favoriser la réflexion et l’organisation des idées
Nous pouvons apprécier chaque jour un peu plus la réflexion qui se trame dans l’esprit de nos enfants. Ce que nous évoquons et ce dont nous discutons s’installe en eux et les amènent à réfléchir à des alternatives, à envisager des possibilités. Ils ne restent pas braqués ou frustrés sur une décision puisque notre système les intègre pleinement et leur permet d’être acteur de leur propre réflexion et moteur de leurs idées.
Obéir pour échapper à une punition ou une menace est une solution à court terme, mais créera un problème dans l’avenir. Notre façon de faire est plus longue, demande plus de travail, plus de souplesse et plus de remise en cause quotidienne, mais elle représente une solution plus saine et plus positive pour l’avenir.
Prend soin de toi et de tes enfants.
Amélie
Bonjour,
Je partage votre avis concernant les menaces et les punitions. Par contre, quoi faire quand l’enfant dépasse les limites des règles de la maison? Comme par exemple, notre fils de 2 1/2 ans jette souvent la nourriture par terre lors des repas ou renverse son verre de lait par exprès. Je ne trouve pas évident de fonctionner avec la méthode gagnant-gagnant avec lui vu son âge. Nous lui avons proposer une assiette pour mettre la nourriture qu’il ne voulait pas. Ça marche mais pas tout le temps. J’essaye de voir avec lui une solution gagnant-gagnant, mais sans résultat pour l’instant. Merci pour vos conseils.
Vanessa du Québec
BOnjour VAnessa, si vous avez l’impression de vous répéter et de perdre votre temps, vous pouvez changer l’environnement, avec respect pour l’enfant. Vous retirez le verre et lui donnez à boire vous même, en lui expliquant que vous voulez protéger le verre, qu’il n’arrive pas pour l’instant à le faire avec vous et qu’il aura régulièrement des droits à essayer d’avoir le verre.
Bonjour,
j’aimerais tant appliquer tout ça mais concrètement comment faire?ma grande va bientôt avoir 3 ans et je n’ai plus de patience avec elle! un exemple: elle tape sa soeur de 1an, je lui dit de ne pas recommencer, elle tape une nouvelle fois, je lui dit « tu vas aller réfléchir à ce que tu fais dans ta chambre »si tu recommences(le fameux concept du coussin de réflexion ») et là elle retape. et quand je l’envoies dans sa chambre, elle n’y reste pas alors comment faire?
Bonsoir, j’ai le même problème que Vicky…. mon fils de 2 ans ne cesse de crier pour effrayer son petit frère de 2 mois. Cela le fait rire de le voir sursauter. On tente de lui expliquer que c’est mal, que ce n’est pas gentil, que ca fait peur a son petit frère, etc…mais ça ne change rien, il continue. Je me retiens de le punir sévèrement car il fait pleurer bébé. Quoi faire ?
merci de votre aide
Bonsoir, cette méthode est effectivement très interessante mais pas applicable dans une famille nombreuse avec des parents qui par leur travail ne sont pas présents simultanément.
Les enfants ne sont pas toujours en opposition avec leurs parents. Quand il y a une fratrie, ils ont besoin aussi de s’affirmer face à leurs frères et soeurs. Tout n’est pas négociable malheureusement.
La négociation impose de prendre du temps, et dans une vie de famille nombreuse ça n’est pas toujours possible.
Les enfants ont besoin de règles. C’est le principe de notre société. Quand on ne respecte pas les règles, on est puni. C’est vrai à tout âge. Pourquoi ça ne le serait pas chez les enfants? La punition n’est pas mauvaise en soi, il faut simplement qu’elle soit proportionnelle à la transgression et adaptée à l’âge de l’enfant.
Je ne pense pas qu’élever un enfant en lui laissant croire que tout est négociable soit une bonne chose. Ce n’est pas le cas en réalité. Ne pensez-vous pas qu’il sera plus difficile encore pour lui de s’adapter ensuite à la société???
bonjour, c’est tout à fait vrai, si on assassine quelqu’un on va en prison non? on parle de respect des enfants, et celui des parents il existe??
en revanche merci de partager vos astuces gratuitement
Bonjour, effectivement si un adulte assassine quelqu’un il sera PUNI en application d’une loi.
Or nous parlons ici d’enfants, en construction, en découverte de tout à chaque instant, en apprentissage permanent.
Je vous invite à prendre connaissance des douces violences et de l’éducation positive.
Nous, les parents, sommes humains, nous avons le droit de nous tromper, nous faisons du mieux qu’on peut ou du moins qu’on le pense! Cela dit on peut toujours s’améliorer si l’on est curieux et BIENVEILLANT au regard de nos Merveilles qui ne nous font confiance de manière inconditionnelle et qui ne sont pas venues au monde pour pourrir notre vie
Rien n’est facile mais ils méritent que nous leur offrions le meilleur, accompagnons les à devenir des adultes heureux. Et du coup, dans une gestion avec écoute, prise en compte et BIENVEILLANCE, le quotidien devient tellement plus agréable…
Bonjour, je découvre votre blog que je trouve tellement intéressant! Ma fille a 14 mois et un caractère déjà bien trempé… J’aimerais lui faire comprendre que quand je lui dis non, c’est un réel non… Elle est très « libre » dans ses mouvements et ses choix… Mais quand elle fait quelque chose d’inapproprié et que je lui dis (calmement, sans cris…) elle rigole… Je ne sais pas quelle solution adopter… Si vous pouviez m’éclairer? Merci d’avance!
Bonjour,
Mes trois enfants ont maintenant 28, 26 et 21 ans. J’ai réussi à appliquer l’éducation positive avec le cadet et la benjamine qui n’ont jamais eu besoin ni de punition ni de la moindre petite tape. Cette éducation bienveillante avait été menée au maximum avec l’aîné autant par son père, que moi-même et les grands-parents. Son caractère très volontaire d’enfant précoce nous a forcé à utiliser finalement et régulièrement des méthodes que nous réprouvions, mais notre fils se mettait en danger, recommençant les mêmes erreurs tant qu’il n’en maîtrisait pas totalement les effets. Il avait besoin d’éprouver physiquement les limites. Il détournait aussi les stratégies des psychologues et se bloquait lorsqu’il sentait une forme de manipulation. A l’heure actuelle, il continue à chercher sa voie car il refuse d’entrer dans les moules; c’est un artiste doté d’un diplôme d’architecte, mais il ne veut plus exercer dans ce domaine car les applications actuelles ne lui conviennent pas. Dans la société, en effet, comme le dit une précédente intervenante, les règles ne sont pas négociables; si vos enfants ne sont pas capables d’une certaine forme d’obéissance que l’on peut appeler le respect, ils ne s’en sortiront pas.L’ éducation bienveillante doit en effet être privilégiée au maximum mais chaque enfant est différent, alors il est important de partir de l’enfant et de lui enseigner les règles de vie le mieux possible, sans le maltraiter bien sûr: une punition reste la seule sanction possible lorsque tout a été épuisé. Les enfants ne doivent pas non plus se transformer en petits tyrans! A l’heure actuelle, notre société part dans tous les sens, chacun ne pense qu’à son propre bonheur quitte à rendre malheureux ceux qui lui font confiance, demandez-vous donc pourquoi? La perte des règles et limites y prend une grande part. Et c’est aussi une enseignante avec plus de 30 ans d’ancienneté sur plusieurs continents qui vous le dit.
J’aimerais bien que ça marche à la maison, mais je ne peux pas m’empêcher de crier sur ma fille de 23 mois quand je la surprends en train de faire quelque chose de dangereux : sauter sur le canapé, frapper les chats, se jeter dans un bac rempli d’eau de javel, mettre une trop grosse quantité de nourriture dans sa bouche, jouer avec sa fourchette, me lâcher la main dans la rue etc… bien sûr j’ai essayé de lui expliquer calmement mais elle n’écoute pas !
Dans la vrai vie des tas de choses ne se négocient pas et chaque action a une conséquence. C’est mal préparer les enfants à cette vie que de leur faire croire que tout se négocie.
Mon petit fils a eu à Noël un smartphone. Quand il a des mauvaises notes, sa mère lui enlève et ne lui redonne aux bonnes notes.
Je voudrais savoir si cette attitude relève du harcèlement moral. Il est en 6ème et j’ai peur que ses camarades se moquent de lui.
Il n’a pas de copain par la faute de sa mère.
Merci
Bonjour, les punitions sanctionnent un comportement inapproprié. Elles matérialisent l’interdit avec plus de force que les mots (qui sont évidemment à privilégier)
Une punition n’est pas violente si elle est comprise par l’enfant AVANT la bêtise.
Je ne suis pas sûr qu’une mauvaise note soit une bêtise car le principe de la note, c’est de faire des bonnes et des mauvaises notes.
En revanche, un téléphone ne crée pas les amis et peut repousser les relations avec les autres. Oubliez la question du téléphone! Et ce n’est évidemment pas du harcèlement moral!