Quand Arthur avait 6 mois, j’ai lu L’enfant de Maria Montessori. Ce livre apporte un nouveau regard sur le jeune enfant de 0 à 6 ans. « Nouveau regard » reste un terme assez relatif puisque Maria Montessori a écrit L’enfant en 1936. Quasiment 80 ans nous séparent et je peux vous dire que j’y ai appris énormément de choses. J’avoue parfois avoir eu quelques difficultés à me dire que cela puisse être vrai, car comment après tant d’années passées, la plupart des parents ne connaissent pas cela.
Les périodes sensibles
Dans L’enfant de Maria Montessori, il y a un point qui a fortement attiré mon attention. Il s’agit de la période sensible de l’ordre. Je vais tout d’abord commencer par vous présenter ce que sont les périodes sensibles. A travers ses voyages dans le monde, Maria Montessori a observé que tous les enfants, de par leur comportement, passent par des périodes sensibles à différents stades de leur vie. Maria Montessori a également observé que ces périodes sensibles sont passagères et s’intensifient dans le temps, elle a aussi remarqué, que lors de ces périodes sensibles, les enfants sont complètement absorbés par leur activité. Vous avez déjà peut-être remarqué l’esprit absorbant de votre enfant? « L’esprit absorbant » est d’ailleurs un livre de Maria Montessori dont je pourrai vous parler une prochaine fois car je n’ai pas encore pu le lire, il est pour le moment introuvable
Revenons à nos périodes sensibles. Les périodes sensibles peuvent se chevaucher entre elles, ce sont des périodes passagères, qui visent à l’acquisition d’un caractère déterminé. Dès que celui-ci est développé, l’intérêt diminue. Maria Montessori en a fait la liste: la période sensible du langage, la période sensible de la coordination des mouvements, la période sensible de l’ordre, la période sensible du comportement social, la période sensible du raffinement des sens et la période sensible des petits objets.
Caprice ou besoin ?
Dans cet article, j’ai donc décidé de m’arrêter sur la période sensible de l’ordre. Lors de ma lecture de « L’enfant » de Maria Montessori, j’ai été stupéfait par une situation qu’elle relate. La situation met en scène un enfant de 18 mois et sa maman lors d’une promenade en groupe dans la Grotte de Néron à Naples, où Maria Montessori a pris part. Le jeune garçon étant trop jeune pour parcourir à pied le passage souterrain, sa mère le prend dans les bras. Compte tenu du temps et de la chaleur, la maman fait une pause pour retirer sa veste. Elle la met sur son avant-bras et reprend son fils. Le jeune garçon commence à pleurer et devient assez rapidement inconsolable. Les personnes l’accompagnant lui viennent alors en aide et essaient à leur tour de calmer l’enfant. Rien n’y fait, tout le monde perd patience, s’énerve et empire ainsi le comportement du garçon.
Maria Montessori s’approche de la maman et lui propose de remettre sa veste sur ses épaules. La maman, étonnée de cette demande, compte tenu de la chaleur, s’exécute et voit ainsi son enfant de 18 mois se calmer. Ce qui était invisible pour l’ensemble des personnes avait pourtant une énorme importance pour le jeune enfant. Personne ne se rendait compte du problème, personne ne prenait le temps d’être à l’écoute de l’enfant, et tout le monde prit cela pour un caprice. L’enfant est en pleine période sensible de l’ordre, et une veste doit se trouver sur les épaules et non pas sur un avant-bras.
Je dois bien vous avouer que quand j’ai lu ce passage, j’ai été fort étonné et ai eu quelques difficultés à le croire. Arthur n’avait que 6 mois et nous ne pouvions pas encore analyser avec lui cette affirmation.
Observer et écouter votre enfant
Maintenant que lui aussi a 18 mois, il lui arrive d’être très sensible à l’ordre des choses. Depuis quelques jours, le temps est plus clément et les températures sont un peu plus douces. Cette semaine, nous lui avons mis son manteau pour sortir mais sans lui fermer sa fermeture éclair pour ne pas qu’il ait trop chaud. Cette situation est anormal pour lui puisque nous la fermons toujours. Il s’est alors mis en tête de la fermer tout seul. Sans réussite, il a demandé de l’aide.
Rebelote hier, nous sortons de la voiture, nous sommes en plein soleil et il fait chaud pour ce mois de mars. Dans un premier temps, pas de manteau puis Amélie ne voulant prendre aucun risque lui enfila juste les manches. Pour ma part, je me disais que même le manteau ouvert, il devait avoir trop chaud. Et bien, le cher petit bonhomme a voulu qu’on lui ferme, et ce même avec la chaleur.
Dans les deux cas, nous n’avons pas eu de crise, puisque nous sommes restés à son écoute et avons accédé à sa requête, mais imaginez l’inverse. Il aurait pu se mettre dans une colère noire juste pour fermer son manteau, et l’entourage en aurait vite conclu à un caprice. Ayez toujours en tête que les caprices n’existent pas pour les enfants, il s’agit toujours d’un besoin non satisfait.
A travers cet exemple, Maria Montessori nous indique que les jeunes enfants sont très sensibles à l’ordre des choses. Lorsqu’un objet n’est pas à sa place, l’enfant s’en aperçoit et va le remettre. Il est capable de se rendre compte de détails insignifiants pour les parents.
Prenez le temps de bien observer et écouter vos enfants. Leur logique n’est pas la nôtre, et vouloir aller contre elle serait inefficace. Tentez cette expérience! Jouez à cache-cache avec un jeune enfant, vous serez peut-être surpris de constater qu’il prendra beaucoup plus de plaisir si vous vous cachez toujours au même endroit.
Et vous, avez-vous des exemples à nous faire partager sur la période sensible de l’ordre de vos enfants?
Bonjour, je viens de découvrir votre blog et je le lis avec grand intérêt. Je ne suis pas encore maman (j’espère bien l’être un jour) mais je suis auxiliaire de puériculture en crèche. Je prône aussi le portage, l’écoute de l’enfant et de ses besoins… de la manière que je peux du fait de la collectivité. En lisant, votre article, que je trouve ma foi très bien, je regrette quand même que vous ne fassiez pas référence à la communication avec votre enfant.
Il me semble que malgré le besoin important de répondre aux besoins de l’enfant, il faut aussi lui expliquer que du fait du beau temps vous lui proposez de laisser son manteau ouvert. Un jeune enfant malgré toutes ces capacités qui parfois ou même souvent nous étonnent, n’est pas toujours apte à se découvrir bien qu’il est trop chaud.
Voilà, en me relisant je pense que vous faites uniquement référence à la pédagogie de Maria Montessori, mais je trouve quand même intéressant de la croiser avec plein d’autres dont Dolto.
Je vous souhaite plein de bonheur sur ce beau chemin de la parentalité.
Bonjour Manon,
Je suis bien d’accord avec toi sur le fait que l’enfant ne fasse pas le lien entre manteau et trop chaud. En fait le problème n’est pas forcément là. On lui propose en effet de la retirer s’il fait trop chaud, mais il faut savoir qu’il peut très bien s’y opposer si on lui a toujours appris à le fermer. Pour lui dans sa petite tête, tout doit être en ordre, et l’ordre est de fermer le manteau. Il ne faut pas aller contre sa volonté du moment mais plutôt lui expliquer à diverses reprises afin qu’il intègre ce nouvel ordre.
Merci pour tes encouragements Manon.
Fabien
Bonjour,
J’ajouterais juste que, si un enfant connaît la sensation de « trop chaud » ou « trop froid », il lui faut apprendre la relation qu’il peut y avoir entre ces états et ses actions (je mets mon manteau alors qu’il y a du soleil -> j’ai trop chaud). Pour apprendre ces relations, il doit en faire l’expérience.
Donc dans ce cas, la meilleure chose à faire c’est de fermer le manteau et de l’accompagner dans son expérience : « tu n’as pas trop chaud ? Si tu as trop chaud, dis le moi, je t’aiderais à enlever ton manteau ».
C’est aussi pour eux la meilleure façon d’apprendre à connaître leur corps et à reconnaître leur sensation. Et si on respecte leur besoin de faire leur expérience, ils seront ensuite les mieux placer pour savoir s’ils ont chaud ou froid et s’ils veulent ou non mettre leur manteau ^^
Bonjour,
Il s’agit en effet de références sur la pédagogie Montessori.
Des articles relatant les pédagogies d’autres auteurs sont consultables dans les autres rubriques de ce blog, et bien sur d’autres suivront
N’hésitez pas à nous indiquer les auteurs qui vous ont touché et dont les ressources vont dans le sens de la parentalité bienveillante et empathique.
Merci pour vos commentaires et à très bientôt !
Amélie
Bonjour,
Par rapport à ce que dit Emilie : (extrait issu du TAO TE KING des PARENTS – Sagesse ancienne pour parents d’aujourd’hui):
« Les parents sages laissent les choses se faire en interférant le moins possible, ils restent en dehors du chemin, sans attirer l’attention sur eux-mêmes.
Leurs enfant découvrent l’harmonie naturelle des choses (…) lorsque les parents interviennent , et se mêlent constamment de la vie de leurs enfants, l’ordre naturel des chose est oublié. Les conflits s’enveniment, l’apprentissage est compromis, et la confusion règne.
A certain moments tu dois bien-sûr les conseiller. Nous voulons tout naturellement protéger nos enfants et leur apprendre ce que nous avons appris. Mais quand tu donnes un conseil, soit le plus léger et le plus doux possible.
Forcer nos enfants à écouter nos leçons conduit peut-être au résultat immédiat que nous attendons. Mais cela peut priver nos enfants de discernement, les rendant incapables d’acquérir une vraie force de caractère. Que sont en train d’apprendre tes enfants en ce moment? Es- tu un obstacle pour eux?
Lao-Tseu- William Martin
Bonjour,
Je ne suis pas bien sûre de la raison pour laquelle vous faites cette citation en réponse à mon poste en particulier.
Mais je suis 100% d’accord. C’est dans la ligne droit de ce que je dis
Je constate que pour notre fille de 16 mois, la période de l’ordre, c’est maintenant!
Une photo rajoutée sur le frigo se retrouve sur le sol, elle nous rend les objets qui ne sont jamais sur la table basse pour nous rappeler qu’on les a oubliés (portable, lunettes)…
Mais l’exemple le plus frappant qui me vient, c’est quand son Papa se rase (il porte très souvent une barbe de trois semaines). Elle pleure et se jette dans mes bras, refusant d’aller avec son père, voire parfois de le regarder! Ca dure un jour ou deux, on voit qu’elle le reconnaît mais que quelque chose la gêne vraiment, et là, on ne peut pas revenir dessus!! Alors on lui explique, et on lui laisse le temps. Heureusement, c’est vite oublié!