Nathalie Le Breton - Les Maternelles
Nathalie Le Breton - Les Maternelles

Nathalie Le Breton : « J’étais totalement inconsciente avec mon ainé »

Nous aimons les livres et nous aimons l’émission Les Maternelles sur France 5. Alors, quand Nathalie Le Breton, journaliste, animatrice et surtout Madame Livres aux Maternelles, a sorti son dernier livre Génération Parents, nous nous sommes empressés d’aller l’acheter pour le dévorer.

Et nous n’avons pas été déçu. Le livre est à l’image des Maternelles et de Nathalie Le Breton, c’est à dire écrit sur un ton jovial et sympathique, rempli de bons conseils, d’explications détaillées et de témoignages d’autres parents.

Ce livre est très « complet ». Il débute par la grossesse, passe ensuite par tous les grands thèmes de l’enfance et prend fin avec le fait de « passer le relais » à ses propres enfants. La bienveillance du ton utilisée et tous les conseils offerts sont en parfaite corrélation avec les choix d’accompagnement que nous faisons avec notre fils Arthur et notre deuxième enfant qui arrivera début juillet. En somme, de précieux moments de lectures destinés à améliorer le quotidien des (nouveaux) parents.
livre génération parents - les maternellesNous avons voulu faire plus ample connaissance avec Nathalie Le Breton, que nous trouvons sympathique, empathique et surtout que l’on sent bien dans ses baskets. Nous avons alors trouvé très intéressante l’idée de connaitre un peu plus la maman qu’elle était avec ses deux enfants.

Voici donc quelques questions ayant trait à sa vie de maman, à sa présence dans l’émission Les Maternelles et au livre qu’elle vient de publier.

C’est avec beaucoup de chaleur et d’enthousiasme que Nathalie a répondu à toutes nos questions et nous tenons à la remercier pour son accueil chaleureux et spontané, ainsi que pour la disponibilité qu’elle a bien voulu nous accorder.

Interview de Nathalie Le Breton de Les Maternelles

Nathalie, dans « Générations Parents » que vous venez de publier aux Éditions de La Martinière, quelle est la thématique abordée qui vous tient le plus à cœur ?

Je crois que c’est celle du temps. Prendre le temps de vivre avec son enfant,  le temps de l’observer, le temps d’en profiter. Évidemment parfois on rêve que ce temps passe plus vite pour que notre bébé arrive enfin à faire ses nuits, pour qu’il soit plus indépendant, enfin! Mais je crois profondément qu’à courir après le temps, on est bien nulle part: ni dans son travail, ni dans sa famille, ni dans son couple, ni avec soi-même. Parfois et même souvent, on gagne du temps à s’attarder pour de vrai sur un échange avec son enfant autour d’un jeu, d’un oiseau qui chante, d’un chien qui passe.
Ça ne prend pas forcément beaucoup de temps, mais ce temps de qualité nous fait du bien à nous comme à eux. Cela n’a peut-être duré que 10 secondes mais 10 secondes pleines, apaisantes, rigolotes, aimantes. Mieux vaut cela un peu régulièrement que de se forcer à jouer pendant une heure ou tout un après-midi alors qu’on n’en a pas envie ;-)

Vous êtes maman de deux garçons qui ont 13 ans d’écart, pensez-vous avoir été la même « maman » pour les deux ?

J’étais très jeune, détendue, un peu inconsciente… euh non totalement inconsciente avec mon aîné. On dévalait les Buttes-Chaumont en roulades folles, on escaladait les roches. En gros, il vivait davantage à mon rythme que je ne vivais au sien. il a profité de mon dynamisme un peu désordonné, et subi sans doute mon inexpérience. On grandissait ensemble, lui comme enfant, moi comme mère. Le petit, qui a 12 ans maintenant, lui, c’est l’enfant des Maternelles! Avec le papa, nous nous sommes calqués sur ses besoins sans pour autant nous perdre de vue en tant que couple. Bref vous l’avez compris, on essaye de tout faire bien en ayant l’indulgence et le pragmatisme de se dire qu’on n’est loin d’être parfaits les uns les autres: ni lui, ni le papa, ni moi! Et qu’est-ce que c’est bien!

Quelle est votre plus grande préoccupation en tant que maman ?

D’être suffisamment à l’écoute des émotions de chacun et de les accompagner au plus juste: présente mais pas trop! Attentive sans être surprotectrice. J’adore échanger, discuter avec eux, prendre la température de leur vie. Je suis hyper bavarde et eux aussi. Ça tombe bien!

Quel est le principal problème que vous rencontrez avec chacun de vos garçons ?

Je m’acharne à faire comprendre aux deux qu’il n’y a pas de problème mais beaucoup de solutions! C’est quelquefois épuisant pour eux mais l’option du verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, est une philosophie de vie qui a du bon par les temps qui courent.

Quelle a été votre plus grande émotion en 14 ans d’émissions ?

Les parents qui viennent témoigner nous accordent une confiance inestimable et je tiens à les en remercier. Cette période de « projet de naissance » est à haute sensibilité. Elle engage les adultes que nous sommes sur des contrées qu’on n’imagine pas. Elle engage notre responsabilité d’être humain vis à vis d’un petit qui n’a rien demandé. Mes plus forts souvenirs sont liés à des femmes qui ont perdu un premier bébé et qui ont osé se relancer dans l’aventure, aux mères que la naissance d’une fille a ramené à leur enfance abusée, aux parents qui déploient une énergie hors norme pour leur enfant en situation de handicap, aux pères qui osent affirmer -encore à demi-mot- leurs émotions et leur fan attitude devant leur nourrisson. La liste est longue.
Après il y a les émotions partagées avec les animatrices notamment avec Maïténa, quand j’étais enceinte d’Aris. Un rien me faisait éclater de rire ou pleurer comme une madeleine. J’avais, comme le disait si bien Maîténa, les hormones dans le chignon. Nous étions folles et si contentes de l’être !

Quel professionnel de l’enfance que vous avez pu rencontrer vous a le plus marqué ?

Ils sont un certain nombre à m’avoir fait grandir sur le chemin de la parentalité. Grâce à leur bienveillance, leur empathie et leur respect de l’enfant: jean-Marie Delassus qui nous a quittés, Patrick Bensoussan, Monique Bidlowsky, Marcel Rufo, Bernard Golse, Michel Botbol, Missonnier, Daniel Coum, Marc Pillot, Dominique Leyronnas, la sage-femme Chantal Birman si proche de l’essence des femmes. Je pourrais continuer ainsi. Nous avons beaucoup de chance car ils tiennent aux Maternelles et se rendent toujours disponibles. Chapeau bas à tous et en particulier à ceux que je n’ai pas cités ;-)

Actualité oblige : pensez-vous qu’une petite fessée n’a jamais fait de mal ?

Non. Je sais pour avoir entendu des dizaines de parents témoigner combien il est difficile d’échapper à ce geste quand on a reçu des fessées soi-même. Difficile d’aller à l’encontre de l’éducation de ses parents. Quoique!
Je suis heureuse que de plus en plus de parents partagent leur expérience, et désormais leur conviction qu’effectivement, ça ne sert à rien et que l’on peut s’en passer.
Le petit d’homme est vulnérable comme les personnes âgées par exemple. Nous arrivons à nous retenir dans nos montées d’énervement et nos impatiences avec elles, pourquoi pas avec nos enfants ? C’est vrai qu’ils ont l’art de nous mettre « hors de nous » parfois.
Essayons de ne pas rester seuls dans ces moments-là, c’est pour cela que je dis si souvent vive le grand village, sur le net avec les réseaux de parents comme les vôtres, et dans la vie, avec la famille et les amis.
On a le droit de craquer! Oui mais une bonne pile d’assiettes peut faire l’affaire, je vous le garantis !

Et pour finir, que pensez-vous de cette citation?

« Les jeunes d’aujourd’hui aiment le luxe; ils sont mal élevés, méprisent l’autorité, n’ont aucun respect pour leurs aînés, et bavardent au lieu de travailler. Ils ne se lèvent plus lorsqu’un adulte pénètre dans la pièce où ils se trouvent. Ils contredisent leurs parents, plastronnent en société se hâtent à table d’engloutir les desserts, croisent les jambes et tyrannisent leurs maîtres. »

Mais de qui parle-t-on? Si mon souvenir est bon, c’est une  phrase prononcée il y a bien longtemps (ndlr: Socrate, philosophe grec , 5e siècle avant J.-C.), comme si la génération d’avant avait systématiquement des problèmes avec la génération d’après. Il faut en finir avec la peur qui bloque les rouages de notre société. Toute forme d’ostracisme me révolte. Celle anti-jeune, comme celle anti-vieux. On est plus fort à deux! On vit mieux à plusieurs, on apprend les uns des autres. Quel ennui la ségrégation ! Tout cela me semble vain et perdu d’avance. Dans le Ténéré, la vie ne tient pas sans l’énergie des jeunes mais elle ne tient pas sans la sagesse des anciens.

nathalie le breton

Nous tenons encore à remercier Nathalie Le Breton pour le temps qu’elle nous a consacré, et nous vous invitons chaleureusement à lire Génération Parents, un très bel ouvrage sur la parentalité. Vous pouvez également retrouver Nathalie Le Breton dans l’émission « Les Maternelles » diffusée du lundi au vendredi à 9h, sur Facebook Nathalie Le Breton Officiel, sur Twitter @NathLBOfficiel et sa bibliographie sur Amazon.

Et pour aller plus loin, voici une vidéo où Nathalie Le Breton nous présente son livre Génération Parents:

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About Amelie Blot

Je me rappelle étant petite que je disais à ma maman : "quand je serai grande je ne punirai pas mes enfants !". Les années ont passé, je suis devenue maman et ce principe qui "était" en moi est plus fort que jamais. Je me forme au quotidien, à travers mes lectures enrichissantes et auprès de mon petit Arthur, à une méthode d'éducation respectueuse et bienveillante. J'espère pouvoir vous transmettre le goût de vivre la fabuleuse aventure de la parentalité tout en préservant l'épanouissement familiale si nécessaire au bonheur.

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