La confiance que l’on accorde est une chose fragile qui s’acquiert avec le temps. La confiance se construit chaque jour. Cette petite flamme, qui tend à devenir foyer, dépend des agissements, de l’image renvoyée, des propos tenus, de la cohérence générée par rapport à ses propres croyances et ses convictions.
Devenir spectateur du mensonge de son enfant est déstabilisant. Cela peut renvoyer, plus ou moins directement, à l’image que l’on souhaite donner de soi et particulièrement à celle que l’on veut donner à son enfant.
Devons-nous nous remettre en cause lorsque l’on découvre un mensonge chez l’enfant ? À quel type de mensonge pouvons-nous être confronté ? Que faire lorsque l’enfant ment ? Autant de questions sur lesquelles nous allons revenir à travers cet article.
Dans son livre « J’ai tout essayé ! », Isabelle Filliozat indique à partir de quel âge un mensonge peut réellement être motivé par l’enfant.
Elle nous indique qu’avant 3 ans, l’enfant n’a aucune notion du concept de mensonge. Sa mémoire, sa cohérence et l’assemblage de ses idées ne lui permettent pas encore de faire preuve d’un tel raisonnement.
Vers 3 ans, l’enfant commence à faire preuve de raisonnement. Il assemble ses idées, commence à se rappeler des choses et à enregistrer les mécanismes. Cette construction peut apporter des confusions entre ce qui existe pour lui, uniquement dans son esprit, et ce qui existe vraiment.
Ce n’est que vers 3 ans 1/2 – 4 ans que l’enfant peut mentir sciemment. Ses mensonges peuvent avoir des motivations diverses :
– Tester le pouvoir de ses mots,
– Se protéger du jugement,
– Éviter des conséquences,
– … etc.
Pourquoi l’enfant ment ?
Dans son livre « Libres enfants de Summerhill », Alexander S. Neill aborde les deux principales motivations du mensonge chez l’enfant.
Si votre enfant ment, ou il a peur ou il vous imite. Les parents menteurs ont des enfants menteurs. Si vous voulez que votre enfant dise la vérité, ne lui mentez pas.
Il s’explique de ce jugement par la redondance entre l’éducation que le parent eût reçu et l’influence de cette éducation sur l’adulte qu’il est devenu.
La grande difficulté en ce qui concerne la vérité, c’est que nous ne nous la disons pas à nous-mêmes. Nous nous mentons et nous mentons aux autres.[…]. Nous mentons parce qu’on nous a enseigné à atteindre un niveau de moralité inaccessible. C’est l’éducation reçue dans notre enfance qui nous donne un fantôme que nous essayons toujours de cacher.
Alexander S. Neill aborde également « les mensonges imaginatifs » ceux-la même que Maria Montessori qualifiait de « mensonges normaux ». Ces mensonges ne doivent pas être qualifiés comme tel, mais plutôt comme des inventions de l’enfant. Ils doivent être perçus comme une forme artistique émanant de l’enfant.
Il est important d’observer la différence entre les « mensonges normaux » c’est-à-dire ceux n’ayant pas de finalité personnelle et/ou ne comportant aucunement l’intention de tromper de ceux qui laissent transparaitre une soumission, une peur de l’enfant. Car bien souvent, le mensonge est l’arme de défense de l’enfant envers l’adulte.
3 pistes de réflexion pour éviter le mensonge de l’enfant
À la lecture de « L’enfant », de Maria Montessori et de « Libres enfants de Summerhill », d’Alexander S. Neill, il est intéressant de constater que pour ces deux spécialistes l’absence d’autorité punitive éloigne significativement le mensonge.
Pour l’un comme pour l’autre, la principale motivation du mensonge est la peur, c’est-à-dire la protection de la conséquence de ses actes.
C’est aussi une façon idéale de rentrer dans le moule « idéalisé » par la société.
[…] si on analyse la vie sociale, on se rend compte qu’elle baigne dans le mensonge comme dans une atmosphère dont on ne pourrait la séparer sans bouleverser la société. […] la discipline et les rapports sociaux s’étant organisés sur le mensonge, la sincérité inconnue semblait bouleverser la base de l’éducation. (Maria Montessori dans « L’enfant »)
3 pistes de réflexion s’offrent à nous pour aider l’enfant à grandir en exprimant et en fondant librement sa pensée.
La confiance
Une chose semble évidente, pour éviter le mensonge au maximum il faut donner à l’enfant la confiance dont il a besoin. La confiance en lui bien sûr, mais aussi la confiance qu’il va développer envers ses parents. Cette confiance qui va lui permettre de se raccrocher à sa figure d’attachement en cas de doute, de malaise ou de peur. Cette confiance qui va lui permettre de s’épanouir sereinement et de construire ses idées en paix avec ses émotions.
L’exemplarité
Se montrer tel que l’on est à l’enfant. Être sincère et dire la vérité quoi qu’il arrive. On ajuste alors ses mots à ce que l’enfant peut comprendre, mais on reste en cohérence avec la réalité afin qu’il puisse comprendre.
Ôter l’idée du mensonge
Pour éviter d’inciter l’enfant à dire des mensonges, Isabelle Filliozat propose d’éviter de mettre l’idée du mensonge dans son cerveau. C’est-à-dire que lorsque l’on se rend compte d’un mensonge, on attire l’attention de l’enfant sur ce qui a pu se passer réellement plutôt que de le contraindre à un rôle de « menteur » et de le qualifier comme tel.
On retrouve aussi cet état d’esprit dans « L’enfant » de Maria Montessori :
Quand le petit se défend, l’attention de l’adulte n’est pas attirée sur le véritable état de choses : il traite de désobéissance, de méchanceté tout ce que fait l’enfant pour sauver sa propre vie.
Prenez soin de vous et de vos enfants,
Amélie